Le compositeur américain, John Cage
Entre jouer avec des boulons entre ses cordes et ne rien jouer du tout pendant 4 minutes 33 secondes, il y a très peu de choses que John Cage n’ait pas expérimenté avec son piano. Portrait d’un musicien révolutionnaire, à la recherche d’une impossible vérité.
Né à Los Angeles le 5 septembre 1912 et décédé à New York, le 12 août 1992, John Cage est un compositeur, poète et philosophe américain. Connu comme l’une des principales figures d’avant-garde d’après la Seconde Guerre mondiale, la majorité de l’œuvre de Cage est axée sur l’altération d’instruments traditionnels, la recherche du hasard en musique et l’écoute du silence.
En 1935, alors qu’il compose la musique pour une chorégraphie de Syvilla Fort, John Cage frappe un obstacle technique : il n’y a pas assez d’espace sur scène pour toutes les percussions qu’il a prévues. S’inspirant de Henry Cowell — pianiste et chef de file de l’avant-garde des années 20 qui avait popularisé le string-piano, technique qui consiste à jouer directement avec les cordes plutôt que les touches — Cage décide d’altérer le son de l’instrument en plaçant entre les cordes des petits objets, tels des boulons, des vis et des pièces de monnaie, de manière aléatoire. Le piano ainsi modifié, que l’on appelle piano préparé, devient en lui-même une percussion, dont le rythme est décidé par le hasard.
Cette obsession du hasard ne quitte jamais Cage, qui préfère voir dans ce facteur d’imprévisibilité une chance plutôt que le fruit d’un concours de circonstances (random act, en anglais). L’envie de produire du hasard, du chaos, est omniprésente dans l’œuvre du pianiste. La désorganisation ponctue l’atmosphère de ses pièces. En entrevue, Cage affirme : « Le seul problème avec les sons, c’est la musique. »
Cette obsession du hasard ne quitte jamais Cage, qui préfère voir dans ce facteur d’imprévisibilité une chance plutôt que le fruit d’un concours de circonstances (random act, en anglais).
Le public est également une part prégnante de l’œuvre de John Cage. Dans sa pièce la plus connue, 4’33’’, il invite le spectateur à prendre conscience de la véritable musique qui l’entoure — sons ambiant, rythme des pulsations sanguines et de la respiration — alors qu’un pianiste joue sa partition, complètement silencieuse, pendant 4 minutes 33 secondes, les seuls bruits volontairement produits étant ceux de l’ouverture et de la fermeture du couvercle du piano entre les mouvements.
L’apport du public à l’art fait aussi partie intégrante du mouvement Fluxus, auquel Cage participe en tant que fondateur dans les années 1960. Fluxus, indéfinissable courant contemporain qui touche tous les domaines de l’art visuel, littéraire et musical, cherche à soulever des questionnements tout au long des décennies 1960 et 70, quant au rôle de l’œuvre d’art et de son créateur dans la société. La mission des participants de ce mouvement est de supprimer les barrières qui séparent la vie de l’art, cherchant à montrer que l’art est dans la vie. Naissent donc à cette époque nombre de performances interactives qui englobent le public, l’invitent à s’immerger dans l’œuvre, parmi lesquelles John Cage et son 4’33’’.
Récipiendaire, en 1989, du prix de Kyoto, accordé aux personnes ayant contribué de façon remarquable au développement de la science, de la civilisation mondiale et de l’élévation spirituelle, John Cage n’a pas cessé d’intriguer, même après sa mort, en 1992. En repoussant les limites de la musique pour tenter d’atteindre le chaos, le silence, le hasard, Cage a créé des questionnements impérissables, autant chez le musicien que chez le spectateur.
Photo gracieuseté de la Fondation de Dance Cunningham
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