La danse subjugante de Pina Bausch
Pina Bausch (1940-2009) est une pionnière de la danse contemporaine, associée au mouvement néo-expressionniste et à l’avant-garde des années 70-80. Participante du Tanztheater, chorégraphe et directrice de ballet, Bausch a su, du début à la fin de sa carrière, fasciner, surprendre et émouvoir.
Après avoir fréquenté la Folkwangschule, école allemande d’arts dirigée dans les années 50 par un pionnier de la danse allemande expressionniste, Kurt Jooss, la jeune ballerine gagne une bourse qui lui permet de déménager aux États-Unis. Elle a alors 19 ans. Tout en poursuivant ses études à l’école Juilliard de New York, Bausch danse pour la compagnie de ballet du Metropolitan Opera et pour le New American Ballet, partageant la scène avec de grands noms de la danse internationale, tels Antony Tudor et Paul Taylor.
Au cours de son séjour en terre américaine, Pina Bausch développe un lien intime avec les différentes villes qu’elle visite. Après avoir terminé ses études, elle retourne en Allemagne, où elle forme une troupe qui présente son premier spectacle à Los Angeles, lors du Olympics of Arts Festival de 1984. La relation qu’elle entretient avec les endroits où elle pose les pieds est un thème récurrent de son œuvre : lors de l’hommage posthume qui lui est fait à Londres, en parallèle des Jeux Olympiques de 2012, on présente 10 danses chorégraphiées par Bausch mettant en scène 10 capitales qui l’ont marquée.
Par cette performance novatrice, Bausch désire émanciper la danse des barrières qui la circoncisent depuis la nuit des temps. De ce désir, elle fera la mission de toute une vie.
Dès 1985, le L.A. Times associe le nom de Pina Bausch à l’avant-garde de la danse contemporaine. Cette année-là, Bausch présente, à Brooklyn, Arien, un spectacle de plus de deux heures où les danseurs, au lieu d’être placés sur une scène, évoluent dans un bassin d’eau. On sent déjà, dans cette performance, l’importance que Bausch accorde au mouvement, aux impulsions sensuelles. Toute sa carrière, plus qu’au mouvement lui-même, elle s’intéresse à sa cause, son origine. Chaque danse, pour l’artiste, doit raconter une histoire. Les relations homme-femme forment également un thème récurrent de son œuvre. Cette intimité sert d’inspiration majeure à Pedro Almodovar dans son film Talk to Her (2002), qui contient des extraits où Bausch danse elle-même.
L’influence de Bausch ne se limite pas au monde de la danse : la créatrice, d’ailleurs, préfère le terme de théâtre dansé à celui de chorégraphie. Dans l’une de ses premières œuvres, présentée en 1973 à Wuppertal, elle met en scène des danseurs qui parlent, chantent, pleurent, crient. Par cette performance novatrice, Bausch désire émanciper la danse des barrières qui la circoncisent depuis la nuit des temps. De ce désir, elle fera la mission de toute une vie. En 2005, elle produit Nelken, un ballet satyrique où les danseurs évoluent sur un plancher recouvert de fleurs, évoquant l’obsolète caractère précieux associé à la danse classique. L’artiste, qui a également développé et mis en scène plusieurs opéras, joue sans cesse avec l’intermédialité entre danse et autres arts, ce qui l’inscrit dans la continuité du Tanztheater (théâtre dansé), mouvement à laquelle elle adhère dès ses débuts.
Photo par Clau Damaso
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