Roland Petit, chorégraphe contemporain
Entre 1945 et 2011, Roland Petit, danseur de ballet et chorégraphe, a imaginé au-delà de 150 danses déjantées, souvent inspirées d’œuvres littéraires, musicales, théâtrales et picturales.
Il a également pris part à plusieurs films, chorégraphiant notamment 1-2-3-4 ou les Collants noirs (Terence Young), ainsi qu’à quelques opéras et pièces de théâtre.
Né en France, en janvier 1924, Roland Petit est le fils d’Edmond Petit et de Rose Repetto, styliste italienne de renom et créatrice du fameux chausson de danse Repetto. La passion pour la danse de Petit lui est innée : enfant, il ne peut s’empêcher de danser. Ses parents, son père surtout, ne sont pas très chauds à l’idée de voir leur fils devenir danseur. Après avoir essayé, en vain, de diriger les intérêts du jeune Roland vers d’autres horizons, ils se résignent à le laisser passer le concours d’entrée de l’école de ballet de l’Opéra de Paris. Petit termine le concours en deuxième position, ne manquant pas au passage d’impressionner Serge Lifar, chorégraphe contemporain et maître de ballet à l’Opéra de Paris. Tout au long des études de Petit, Lifar lui créé et lui attribue nombre de grands rôles, mais l’intérêt de l’élève dépasse les simples pas de ballets : en 1940, à 16 ans, il signe sa première chorégraphie, pour une camarade, Janine Charrat. Ses parents, désormais convaincus du talent de Roland, se mettent à l’encourager : c’est à l’occasion de ce premier succès que Rose Repetto fonde sa maison de chaussons de ballet, qui la fera entrer, elle aussi, dans l’histoire de la danse.
La Deuxième Guerre mondiale a un impact étrangement positif sur la carrière de Petit. Bien que le chorégraphe déplore ses horreurs, il explique que l’occupation a eu son bon côté : celui d’avoir réuni tous les artistes de France, et même d’Europe, à Paris. Il a l’occasion de croiser, au Massif Central, café géré par son père, des artistes tels que Jean Cocteau, et des chorégraphes proches des ballets russes, ont Larionov et Gontcharova. De fil en aiguille, Petit s’intéresse de plus en plus aux ballets russes, plus particulièrement à ceux de Diaghilev. Il se retrouve dans l’esprit de ce chorégraphe, qui prône la conjonction des talents : pour un ballet réussi, il faut, en plus d’un chorégraphe qui a du style, un compositeur de talent, un maître des décors, un costumier sans pareil. Fort de cette croyance, Roland Petit est évacué de toutes craintes : à 19 ans, désireux d’adapter Guernica pour la danse, il va cogner chez Picasso pour des costumes. Cet audacieux geste se répercute tout au long de sa carrière, par des collaborations avec Jean Anouilh (dramaturge), Jean Cocteau (dramaturge), Jacques Prévert (poète), Yves Saint-Laurent (styliste) Pink Floyd (groupe de musique). Il collabore également avec des artistes néo-réalistes, tels que Martial Raysse et Niki de Saint Phalle. Plusieurs de ses décors de ballet ont également été signés par Max Ernst.
Chorégraphiant pour les plus grands danseurs du 20e siècle, Petit signe plus d’une cinquantaine d’adaptations d’œuvres littéraires, musicales et picturales...
Versatile et polyvalent, Petit ne se limite pas à un genre : il se renouvèle tout au long de sa carrière, passant du ballet narratif à la danse d’abstraction, privilégiant tout de même le pas de deux, soit la danse à deux participants. Chorégraphiant pour les plus grands danseurs du 20e siècle, Petit signe plus d’une cinquantaine d’adaptations d’œuvres littéraires, musicales et picturales, dont Notre-Dame de Paris (1965), le Pink Floyd Ballet (1972) et Proust, ou les Intermittences du cœur (1974). Il renouvèle également le genre du music-hall, chorégraphiant pour sa femme, Zizi Jeanmaire, plusieurs œuvres où chant, danse et jeu s’allient, tel que Mon truc en plumes, où Petit collabore avec Jean Constantin, Béart, Nougaro, Gainsbourg, Ferrat… Sa chorégraphie la plus connue, Le Jeune Homme et la Mort (1946), est une adaptation d’un livret de Jean Cocteau, la chorégraphie et les costumes étant intrinsèquement modernes par leur lien à l’œuvre de Charles Baudelaire et aussi par leur symbiose commune.
Roland Petit décède en 2011, à l’âge de 87 ans. Il laisse derrière lui nombre de compagnies de ballet, notamment les Ballets des Champs-Élysées et de Paris, qu’il a fondés respectivement en 1945 et 1948, ainsi que le Ballet national de Marseille, qu’il fonde en 1972 à l’occasion de Pink Floyd Ballets, et qu’il dirige pendant 26 ans.
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