Fernando Arrabal, dramaturge contemporain
Héritier du théâtre de l’absurde et du surréalisme, ami de Warhol, exilé espagnol et artiste multidisciplinaire, Fernando Arrabal est, entre autres, l’un des dramaturges les plus influents du théâtre contemporain.
Né dans le Maroc espagnol des années 1930, Fernando Arrabal connaît une enfance tragique au cours de laquelle son père est condamné à mort et disparaît à jamais après s’être évadé de prison. Refusant les maintes demandes de sa mère de poursuivre des études militaires, Arrabal est contraint d’étudier le domaine du commerce du papier, jusque dans les années 50, puis le Droit à Madrid. C’est à cette époque qu’il commence à écrire du théâtre et de la poésie. En 1955, il obtient une bourse pour étudier à Paris. Quelques temps après son arrivé, il tombe gravement malade : la tuberculose qui le terrasse fait réfléchir Arrabal à sa condition d’exilé, qui le hantera toute sa vie.
De retour en Espagne, sous le régime du général Franco, il est emprisonné. Plusieurs grands dramaturges et auteurs de l’époque, dont Samuel Beckett, François Mauriac et Arthur Miller, lui témoignent des marques de solidarité publiques. Ce n’est d’ailleurs qu’à la mort de Franco qu’Arrabal obtient la reconnaissance des gens de son pays. Par ailleurs, durant le régime du général, le dramaturge et écrivain publie sa fameuse Lettre au général Franco, qui suscite beaucoup d’émotions chez le public, par son caractère audacieux, ouvertement dénonciateur.
La plupart des pièces d’Arrabal, bien que comiques, exploitent des thèmes de révolte et d’exil, inhérents à la vie de leur créateur.
Fando et Lis (1957) est la première pièce d’Arrabal qui a connu du succès. Depuis souvent adaptée, au théâtre comme au cinéma, cette pièce met en scène deux personnages-enfants, qui deviennent typiques des pièces du dramaturge. Bien qu’innocents de caractère, ces personnages vivent rarement dans l’onirisme : ce sont des prostituées, des malfrats, des désillusionnés de toutes sortes. La plupart des pièces d’Arrabal, bien que comiques, exploitent des thèmes de révolte et d’exil, inhérents à la vie de leur créateur. C’est le cas de Le cimetière des voitures (1966), l’une de ses premières pièces, qui mêle habilement une parodie de l’histoire de Jésus Christ au monde actuel, tout en métal et en pétrole. Le théâtre politique d’Arrabal trouve son apogée dans Et ils passèrent des menottes aux fleurs (1969), qui tire beaucoup de son contenu de l’expérience de l’auteur en prison lors du régime franquiste.
En 1960, au Café de la Paix, à Paris, Arrabal rencontre Roland Topor et Alejandro Jodorowsky, deux artistes de son époque, pour discuter préoccupations littéraires. Suite à cette rencontre, ils fondent Panique, mouvement artistique inspiré du Théâtre de la Cruauté d’Antonin Artaud et du cinéma de Louis Buñuel. En réaction au surréalisme grandissant, qui se restreint de plus en plus et devient très populaire auprès du public large, Arrabal et ses compagnons désirent une nouvelle forme d’art et de vie dédiée au chaos et au surréel. L’une des performances les plus connues de Panique est Mélodrama sacramental, où Jodorowsky est mis en scène devant public, égorgeant deux chèvres et recevant nombre de coups de fouet. Les fondateurs du mouvement Panique, qui se base sur le dieu Pan, croient que la beauté et la paix s’acquièrent à travers les éléments les plus choquants, qui dégagent le plus de violence et d’énergie désastreuse. Du côté théâtral, le théâtre panique trouve un icône en L’Architecte et l’empereur d’Assyrie (1967), une pièce formelle, quasi-rituelle, où les deux personnages prennent et assument le rôle de l’autre.
Actuellement le dramaturge contemporain le plus joué, partout sur Terre et dans toutes les langues, Arrabal ne cesse d’écrire et de produire de l’art sous toutes les formes. Ses œuvres théâtrales ont été adaptées maintes fois, entre autres par son grand ami Alejandro Jodorowsky, qui produit Fando et Lis au cinéma, en 1967.
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